Lecture Flash #7 : Adolfo Kaminsky, une vie de faussaire de Sarah Kaminsky

« Rester éveillé. Le plus longtemps possible. Lutter contre le sommeil. Le calcul est simple. En une heure, je fabrique trente papiers vierges. Si je dors une heure, trente personnes mourront…  »
Adolfo Kaminsky

J’ai dévoré ce petit livre (264 pages), que je recommande à tout le monde depuis.

Le début du livre n’est pas la lecture la plus facile du monde, car il commence par raconter son expérience en tant que faussaire pendant la guerre pour la résistance, donc il parle de la déportation de certains de ses proches et de ses camarades de résistance, mais il ne rentre pas dans les détails.

J’aime beaucoup le ton du livre, on sent qu’il est content d’enfin parler de cette partie de sa vie à sa fille, et qu’il est fier de raconter toutes ses expérimentations chimiques et toutes les techniques qu’il a trouvé pour faire de meilleurs faux papiers plus rapidement. Son bouquin est surtout plein d’espoir et d’énergie, il donne envie de croire que tout est possible, c’est très souvent très drôle, vraiment, ça n’est pas du tout une lecture plombante.

Adolfo Kaminsky a eu une vie absolument hallucinante, il a aidé toutes les causes juste de 1944 à 1971, produisant parfois des faux papiers pour plus de 15 pays différents (Amérique du Sud, anciennes colonies en Afrique, etc.) durant les années 60. Il a même fait un faux papier très médiatique pendant mai 68, que je vous laisserai découvrir !

Il dit à plusieurs reprises qu’il a eu la chance d’avoir exactement les bonnes compétences pour pouvoir aider, mais je ne peux qu’admirer son courage et sa détermination à être de toutes les causes justes. Il a consacré la majeure partie de sa vie à ces différents combats, et nous lui devons beaucoup.


« La neutralité n’existe pas. Ne rien faire, ne rien dire, c’est déjà être complice.  »
« La vie clandestine a des conséquences indélébiles. Elle s’imprime au plus profond de soi, et ne s’efface pas d’un revers de la main. Lorsqu’on a appris à vivre avec la peur au ventre, risqué sa vie, sa liberté, vécu des aventures dangereuses et romanesques, à en avoir des vertiges, toujours dans l’urgence et le don de soi à une cause qu’on a jugée pure, la réinsertion est une épreuve douloureuse. »
« Pour beaucoup, [la résistance] prit fin à la Libération. Pas pour moi. Ma vie de faussaire est une longue résistance ininterrompue car, après le nazisme, j’ai continué à résister aux inégalités, aux ségrégations, au racisme, aux injustices, au fascisme et aux dictatures. »

Si vous voulez découvrir qui était Adolfo Kaminsky (1925 – 2023) sans avoir le temps de lire son autobiographie, voici deux très bons articles et une émission de France Culture qui lui ont été consacré·es :


Titre : Adolfo Kaminsky, une vie de faussaire
Autrice : Sarah Kaminsky
Éditions : Calmann-Lévy
Genre : biographie
Nombre de tomes : 1
Pages : 264
Prix indicatif : 17,45 € (format broché), 8,70 € (format poche), 7,49 € (e-book)
ISBN : 978-2-702-14032-1
Date de publication : 23 septembre 2009