Carlito's Way : 8/10

Attention, présence de spoilers dans ma critique.

Après mon premier Lars Von Trier, j’ai vu mon premier Brian De Palma cet après-midi. Et, au moins, pour ce dernier, je comprend qu’il soit considéré comme un grand réalisateur.

D’une histoire somme toute classique, un ancien gros dealer qui veut raccrocher et se racheter une conduite après être sorti de taule, il fait un grand film. La rédemption est un thème intéressant mais complexe, et De Palma réussit à trouver le ton juste, à nous faire plonger avec l’ancien gangster rattrapé par son passé…

Il est dur de voir Carlito faire tout ce qu’il peut pour sortir la tête de l’eau, pour réaliser son rêve… alors que personne ne le prend au sérieux, ni le juge à qui il offre un discours enflammé, ni ses amis qui ne croient pas en son désir de reconversion dans la location de voitures.

C’est qu’on s’y attache, à Carlito ! Grâce au talent d’Al Pacino, bien sûr, mais aussi parce que le personnage est bien écrit, consistant, que ses (ré)actions sont cohérentes ; ce que je croise de moins en moins souvent malheureusement. Bref, Al pacino est époustouflant. Sean Penn est aussi très bon dans le rôle du meilleur ami avocat véreux, détestable à souhait ; j’ai par contre été moins convaincue par Viggo Mortensen.

Tout est très bien mis en scène, très bien filmé, de la première séquence, magnifique, à la course poursuite dans le métro & Grand Central Station, qui est la meilleure que j’ai vu depuis longtemps, si ce n’est pas la meilleure que j’ai vu tout court. La tension est palpable, le rythme est parfait, vraiment, c’est une grande scène. De celles qu’on n’oublie pas.

On sait très bien comment ça va se finir, et pourtant on ne peut pas s’empêcher d’espérer. Et je dois avouer que j’ai été surprise à la fin : j’avais complètement oublié cette petite frappe de Benny Blanco from the Bronx ! J’étais encore dans l’effervescence de la course poursuite, et je n’ai absolument pas vu venir le coup. Mon voisin de siège a bien rigolé en m’entendant couiner !

Autre séquence excellente, la partie de billard du début, avec le neveu de Carlito. De Palma prend son temps, il installe ses personnages, il laisse la tension monter progressivement, par le jeu des regards, par la musique… Tout est minutieusement calculé, et le résultat est à la hauteur.

Le plus important, à mon avis, c’est que la mise en scène est au service de l’histoire. De Palma est un virtuose, mais il ne passe pas son temps à se regarder le nombril. La BO est bonne, même si You are so beautiful de Joe Cocker (que j’aime pourtant beaucoup) tombe un peu comme un cheveu sur la soupe… L’histoire d’amour entre Carlito et Gail est d’ailleurs le seul pan du film qui m’ait un peu déçu. Elle détonne un peu avec le reste et vire parfois dans le mélo. Mais c’est vraiment un défaut mineur qui n’empêche pas Carlito’s Way d’être un excellent film.