3 ans de tricot, le bilan
6 mois après avoir (re)commencé le tricot, j'ai fait un premier article bilan, dans lequel je listais les difficultés que j'ai rencontré et toute une série de conseils… avec lesquels je ne suis plus forcément d'accord maintenant que je sais un peu mieux de quoi je parle !
Voici donc un deuxième bilan, 3 ans et quelques kilomètres de laine plus tard.
Le choix de la laine
Dans mon premier bilan, je vantais les mérites de la laine Charly de chez Phildar : pas chère, végane, proposée dans de nombreuses couleurs. Je continue de penser que c'est un bon fil pour débuter et faire ses premiers bonnets et châles, mais je ne la recommande absolument plus passés ces premiers essais ou pour des vêtements ou des pièces complexes.
Je suis restée assez longtemps sur de la laine d'entrée de gamme (principalement de la Charly, quelques autres fils de chez Phildar, tous en synthétique), et ça m'a posé plusieurs problèmes :
- Beaucoup de projet ont besoin d'être « bloqués » une fois terminés. Sans rentrer dans les détails (Lise Tailor explique tout très bien dans son article l'art du blocage), le blocage ne change rien ou presque sur les fils synthétiques (et sur le coton). J'ai eu la mauvaise idée de faire un pull avec de jolis motifs en dentelle avec de la Charly. Les motifs étaient à peine visibles et donnaient plus l'impression que j'avais enchaîné les erreurs sur le bas du pull. J'ai bloqué l'ouvrage, en espérant que ça arrange le rendu, mais ça n'a rien changé. Je ne l'ai du coup jamais porté.
- De la même manière, le « drapé » d'un vêtement varie beaucoup en fonction du fil utilisé, et les fils synthétiques ne donnent pas de résultats vraiment convaincants (du moins pour ceux que j'ai testé).
- Ça n'est pas mon cas, mais si vous avez la peau sensible, les fils d'entrée de gamme peuvent vous gratter. À noter que ce problème se pose aussi avec beaucoup de laines naturelles. Si vous êtes sensibles, je vous recommande vraiment d'acheter vos laines en magasin pour pouvoir les toucher (ou, mieux, les frotter délicatement dans votre cou), pour voir si vous les supportez.
- Enfin, si vous avez tendance à beaucoup transpirer, fuyez les matières synthétiques ! C'est une horreur de ce point de vue là.
Je comprends tout à fait l'attrait des laines vraiment pas chères, j'ai été la première à les utiliser pour mes premiers projets, mais une fois que vous êtes à l'aise avec vos aiguilles et que vous commencez à faire des projets un peu plus ambitieux, je pense qu'il est vraiment nécessaire de monter un peu en gamme.
J'ai récemment jeté 3 (trois !) pulls et 4 ou 5 châles que je n'ai jamais porté ou presque. C'est en partie parce qu'ils n'étaient pas très bien faits (surtout les châles), mais surtout parce que les fils utilisés n'étaient pas agréables du tout à porter, ne tombaient pas bien ou pire, dans le cas de mon pull préféré, se sont abimés très vite.
Ce pull, réalisé avec le patron Chuck d'Andi Satterlund, c'était ma plus grande fierté de tricoteuse débutante, avec sa grande torsade qui a l'air si compliquée à faire (mais qui ne l'est pas, j'en reparle plus bas) :
Il avait de nombreux défauts, notamment parce que j'avais mal compris à l'époque comment tricoter les mailles à l'envers (j'ai donc tordu toutes les mailles un rang sur deux sur tout le haut du corps 😬), mais aussi parce que le blocage n'a pas du tout permis de corriger la forme du pull, par exemple au niveau du col :
Je l'ai porté quelques fois, et dès le deuxième lavage (à la main, eau à température ambiante, savon spécial laine… dans les règles de l'art) il a commencé à s'abîmer. Étant donné le nombre d'heures que j'ai passé dessus, je suis absolument dégoûtée.
Mais alors, on achète quoi ?
Comme quasiment tout le monde, je ne connaissais que les laines Phildar pendant ma première année de tricot. J'ai depuis découvert les teinturier·es indépendant·es et leurs écheveaux fabuleusement colorés, fantastiquement doux… et incroyablement chers.
Soyons très clair·es : le prix des écheveaux teintés à la main est élevé, mais complètement justifié. Les matières premières sont chères, la teinture demande énormément de travail, tout est fait à la main, et ça demande à la fois un savoir-faire technique et artistique. Je ne remettrais jamais en question les prix d'un·e créateurice indépendant·e.
Ceci dit, tricoter uniquement avec des laines teintées main n'est pas à la portée de toutes les bourses. Avec des écheveaux autour de 25 € en moyenne, un pull demandant 6 écheveaux devient un vrai investissement. Depuis que j'ai découvert les laines de teinturier·es indépendant·es, je ne jure que par elles, mais je tricote plutôt vite et je vais donc devoir trouver une alternative si je veux que mon banquier continue à me laisser en paix…
Heureusement, il existe des laines industrielles de bonne qualité, qui constituent un juste milieu entre les pelotes d'acrylique à 1,70 € et les écheveaux teinté main qui peuvent parfois monter jusqu'à 40 € pièce.
Précision
Un écheveau, c'est ça :
Et une pelote, c'est ça :
Un écheveau doit être bobiné en pelote pour pouvoir être utilisé. L'intérêt de stocker la laine sous forme d'écheveau (en plus d'être joli !), c'est qu'elle s'abîme moins, parce que le fil est un peu tiré quand il est bobiné.
Les pelotes du commerce sont plus petites que les écheveaux, il est important de comparer les prix à poids équivalent.
Il existe notamment la marque Fonty, une filature française située dans la Creuse, qui propose de très jolis fils à un prix raisonnable et m'a été chaudement recommandée.
Je viens de commander des pelotes de fingering chez Holstgarn, une marque danoise, qui a l'air très chouette, et dont les prix sont franchement bas (4,40 € la pelote de 50 g, 70 % laine / 30 % soie).
Edit de quelques semaines plus tard : j'ai détesté la laine Holstgarn, elle me donne une impression grasse au toucher et elle gratte. Je ne porte jamais le châle que j'ai fait avec. Je ne vous la recommande pas.
N'hésitez pas à me proposer vos marques favorites en commentaire, il m'en reste plein à découvrir !
Aran, Fingering, DK, Worsted, Lace ? Single ou retordue ?
Dernier point concernant la laine, je vous recommande de prendre un peu de temps pour apprendre les différentes épaisseurs de laine et surtout lesquelles sont adaptées à quels projets et quelles tailles d'aiguilles.
Si les noms sont un peu déroutant au premier abord, c'est très simple, et encore une fois Lise Taylor a un très bon article très clair sur le sujet.
Chose intéressante à retenir, on peut tricoter plusieurs fils ensemble. Par exemple, deux fils en fingering tricotés ensemble seront équivalents à un fil en DK. Un grand classique est de tricoter un fil en mohair avec un autre plus épais. Une fois qu'on a compris comment fonctionnent les tailles de laines et comment adapter un patron, une infinité de possibilités s'ouvre à nous !
Le matériel
Si j'ai pas mal investi dans la laine, mon matériel est resté très simple :
Je n'utilise que des aiguilles circulaires interchangeables, avec des câbles de longueur différente en fonction du projet. La plupart de mes aiguilles viennent de chez Phildar, certaines de chez Knit pro, sans que je constate de grosse différence entre les deux (à part que les Knit pro sont plus jolies !). Je n'ai que des aiguilles en bois, et ça me convient parfaitement. J'ai aussi une aiguille à torsades.
Le compte-tour : indispensable, surtout si vous avez tendance, comme moi, à avoir plusieurs en-cours simultanés. Je n'ai pour l'instant que les basiques de chez Phildar, qui font le job mais sont de qualité variable. J'en ai 2 qui fonctionnent très bien, un qui tourne tout seul, et deux qui sont « grippés » et ne tournent que si on force. Je viens de commander une bague compte-tour Knit pro, qui représente un petit investissement (une vingtaine d'euros, en fonction du revendeur), mais a le gros avantage d'être sur le doigt : pas besoin de poser le tricot pour changer de rang, et pas de risque de la voir rouler à l'autre bout de la voiture du TGV…
Côté marqueurs de maille, j'en ai de plusieurs sortes, principalement les Phildar basiques en forme de mousqueton et des jolis sans ouverture. J'ai également des marqueurs en forme de spirale, que je n'aime pas du tout : je trouve qu'ils se prennent dans la laine.
Potentiellement utile mais pas indispensable : une jauge à aiguilles qui s'avère bien pratique quand le frottement efface la taille, des embouts à enfiler sur les aiguilles pour éviter de perdre les mailles quand on transporte un ouvrage, un connecteur de câbles.
Enfin, j'ai acheté un bobinoir et un dévidoir, qui me permettent de bobiner mes écheveaux plus facilement. C'est tout à fait faisable à la main, même si plus long, tant que vous utilisez principalement des pelotes, c'est complètement optionnel. La plupart des boutiques proposent d'ailleurs de bobiner vos écheveaux !
Les projets
Bon, c'est bien beau d'accumuler une stash digne d'une boutique de taille moyenne, mais qu'est-ce que je fais avec toute cette laine ?
J'ai réalisé assez vite que je n'aime pas tricoter la dentelle. Les motifs très fin avec des trous et des jetés toutes les 2 mailles, très peu pour moi ! Je m'y perds facilement, et je trouve ça très compliqué à défaire pour corriger une erreur passée. Je trouve les ouvrages avec beaucoup de dentelles très beaux, mais ça n'est pas le genre de choses que j'ai envie de porter en général, donc ça tombe plutôt bien :)
Les torsades en revanche sont incroyablement simples à réaliser et en jettent un max. J'ai hâte de refaire un projet de pull à torsades pour remplacer mon regretté Chuck. Si vous voulez tenter un premier projet facile avec des torsades, je vous recommande le patron Jason's Cashmere hat qui est très facile à réaliser.
Non, ça n'est pas une photo d'un de mes bonnets. Je n'ai commencé à prendre des photos propres de ce que je tricote que très récemment. C'est une erreur. Je n'ai aucune trace de certains projets (que j'ai offerts, ou perdus, ou fini par détricoter), et seulement des photos moches de certains autres (comme mon pull Chuck pour lequel je n'ai que des photos floues et mal exposées du pull en cours de tricot, comme vous avez pu l'admirer plus haut…).
Après mes premiers projets (le châle fétiche des débutantes, deux écharpes, quelques bonnets…), j'ai essayé des pulls assez classiques :
Le modèle On the beach d'Isabell Kraemer et le Cumulus de PetiteKnit
J'ai offert le premier à ma maman, qui en est très contente, mais je n'ai jamais porté le deuxième : j'ai détesté tricoter cette laine duveteuse, et j'avais hâte de finir, donc j'ai un peu sous-estimé la longueur nécessaire. Résultat : en plus de ne pas correspondre à mon style, il est un peu trop court. Et je ne veux même pas imaginer à quel point ça doit être galère de défaire un i-cord bind off avec de la laine duveteuse, il restera donc en l'état.
J'ai ensuite eu une petite période châles, avec notamment deux versions du patron Kelias de Berangere Cailliau, et un châle triangle tout simple avec de la laine de Yak teintée main par Hellgy :
Et j'ai enchaîné avec pas moins de 5 mini-pulls. Ce sont de chouettes projets, parce qu'ils sont faciles à tricoter sans être répétitifs, qu'ils montent très vite et qu'ils demandent assez peu de laine (2 écheveaux pour une taille L). Néanmoins, 5 pulls plus tard, je n'en peux plus. J'en ai un 6e toujours en cours, que je n'arrive pas à me motiver à terminer.
Et enfin, mon dernier projet, celui dont je suis la plus fière et de très loin : mon premier pull en jacquard.
Il s'agit du Soldotna Crop de Boyland Knitworks. C'est le premier patron sur lequel j'ai eu un vrai énorme coup de cœur, et je me disais qu’un jour, peut-être, je serai capable de le faire, sans y croire vraiment… Et bien, je l'ai fait, sans erreur, en moins de 15 jours !
Savoir faire du jacquard est un de mes objectifs depuis que j'ai commencé à tricoter, mais j'avais peur de découvrir que ça n'était pas du tout mon truc, comme la dentelle. Ça a en fait été une révélation, et j'ai environ 50 projets en tête, avec des couleurs dans tous les sens.
Le secret du jacquard, que j'avais mal compris au départ, c'est qu'il ne faut surtout pas tirer. Les fils au dos de l'ouvrage doivent être bien lâches. Je lisais partout qu'il faut faire attention à sa tension pour le jacquard, j'avais donc entrepris de tout bien tendre sur mes premiers essais… et le résultat était un tricot plein de trous, avec tous les changements de couleur visibles. J'avais aussi eu la mauvaise idée de commencer par un patron de jacquard avec des changement de couleurs assez espacés (il est beaucoup plus simple de croiser les couleurs toutes les 3 ou 4 mailles maximum), et de le faire en coton, qui marque beaucoup plus les erreurs et les imperfections. Ne faites pas comme moi !
Avant de me lancer dans de nouveaux projets en jacquard, je vais tenter quelque chose de complètement nouveau début octobre avec le Mystery knit along de Stephen West. Le principe est simple : on ne sait pas à quoi le châle va ressembler, on sait juste ce qu'il faut comme laine (épaisseur, longueur, couleur). Stephen West donne une partie des instructions chaque semaine, et tous les gens qui participent découvrent le modèle du châle en même temps !
Et vous, vous tricotez ? Quelles ont été vos grosses révélations ? Ce que vous préférez faire ? Dites-moi tout :)