« Bourdieu donne l’exemple du calendrier, moins banal qu’il n’y paraît, où l’État, à travers l’instauration de jours fériés, organise la perception de la temporalité et s’incruste dans l’intimité de la gestion de la vie privée. Ainsi, on se lève le matin à l’heure de l’État et on construit des souvenirs à partir du calendrier de l’État. Les États modernes n’unifient pas seulement le temps mais aussi l’information, la langue, la culture ou la scolarité. Bien qu’il admette que ces processus d’unification se caractérisent par une dynamique de domination qui oppose par exemple la langue officielle aux patois, tout semble se dérouler pacifiquement. À tel point qu’il n’est quasiment jamais question de violence (physique) car « la construction de l’État est en grande partie une invention mentale ». À la question des raisons pour lesquelles les dominés obéissent, Bourdieu répond sans hésitation : la violence symbolique fait que le dominé reconnaît l’ordre et s’y soumet. L’État repose sur le consentement continu des citoyens. »