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Lecture Flash #12 : Le coût de la virilité de Lucile Peytavin

Très léger. Après une très longue introduction qui part un peu dans tous les sens (pourquoi parler aussi longuement de la préhistoire, à part pour remplir des pages ?) et qui manque parfois de sérieux (elle semble parfois découvrir des choses pourtant étudiées depuis longtemps, et ne source pas toujours tout) ; la partie calcul est intéressante bien que parfois très bancale (mais c'était à attendre), et... c'est tout. Une fois qu'on a « calculé » le chiffre de 95,2 milliards d'euros par an, on fait quoi ? ¯\_(ツ)_/¯. Et je passerai sur l'absence totale d'intersectionnalité, sur le validisme de certains passages, et sur l'utilisation du terme « transexuelles » en 2023. Au moins, j'en tire quelques chiffres que je pourrais réutiliser.

Couverture de Le Coût de la virilité de Lucie Peytavin

Edit : plus j'y réfléchis, plus j'ai des problèmes avec ce livre. Je suis complètement d'accord avec cette vidéo de Léo, qui explique bien ce qui ne va pas dans Le coût de la virilité :

J'ai pris des notes pendant ma lecture, comme j'essaye de le faire pour tous les essais, les voici, ainsi que le chapitrage du livre, qui me semble toujours intéressant et assez révélateur. Il s'agit de notes prises au fil de l'eau, sans recul sur ma lecture ; je ne suis pas d'accord avec l'approche de l'autrice, et avec une bonne partie de ses interprétations et conclusions, donc ces notes sont vraiment à prendre avec des pincettes. Elles sont là pour illustrer le contenu de cet essai plus que pour être réutilisées dans un argumentaire.

Introduction

Une violence masculine omniprésente et coûteuse pour la société

« En France, les hommes sont responsables de la majorité des comportements asociaux : ils représentent 83 % des 2 millions d’auteurs d’infractions pénales traitées annuellement par les parquets et 90 % des personnes condamnées par la justice, 86 % des mis en cause pour meurtre, 99 % des auteurs de viols, 84 % des auteurs présumés d’accidents routiers mortels, 92 % des élèves sanctionnés pour des actes relevant d’atteinte aux biens et aux personnes au collège, 95 % des mis en cause pour vols violents avec arme, et in fine… 96,3 % de la population carcérale ! Concernant la santé, ils ne sont pas en reste puisque leur taux de mortalité évitable est 3,3 fois plus élevé que celui des femmes. »

Cette surreprésentation est un angle mort.

« Au total, j’estime à 95,2 milliards d’euros par an le coût des comportements virils sur l’économie française.  »

Une réalité pourtant ignorée

Pourquoi ?

  • image des hommes violents par "nature"
  • conduite des hommes = norme universelle

On réagit plus et on condamne plus durement les violences commises par les femmes, et elles sont le sujet de plus d'études. Elles choquent par leur rareté, on les considère comme « contre-nature ».

I. La Fin des mythes

1. Femmes et hommes : quelles différences ?

Construction culturelle de différence entre les genres => femmes cantonnées au foyer, au care, à la douceur vs. hommes « chefs de famille », guerre, travail.

2. Le Temps des cavernes

Image fausse du paléolithique (homme = chasse / femme = foyer) utilisée pour justifier les inégalités ajd encore.

Masculin/féminin et êtres humains, fruits d’une longue évolution

Définition du sexe/genre évolue dans le temps, et sa réalité biologique pour les humains pose encore question (question des personnes intersexes par exemple).

Le paléolithique : un immense préjugé

La vision de la répartition des tâches sexuée au paléolithique/néolithique vient de la fin du XIXe. L'homme, au contraire, s'élève au-dessus de sa condition animale.
Clichés tenaces => erreurs d'interprétation des découvertes archéologiques.

La chasse, activité partagée et mineure

chasse =~1/3 alimentation.

L'invention des inégalités

Au paléolithique, les femmes ont autant d'influence que les hommes.
Ça chance au néolithique, avec la sédentarisation => nouvelle division des rôles dans le travail : division plus nette entre hommes/femmes, mais aussi espace public/espace domestique.
Apparition de la notion de virilité, et début de la domination masculine.

Privations et sous-nutrition pour les femmes, au point de transformer leur ossature. Le dimorphisme sexuel est de plus en plus marqué entre les individus.
=> ça vient également du choix des hommes se portant davantage sur des partenaires graciles.
=> conséquences sur la mortalité maternelle.

3. Une pseudo-évidence nommée testostérone

Testostérone = argument employé pour justifier l'agressivité "naturelle" des hommes.
Les femmes en produisent aussi (mais 8 à 10 fois moins que les hommes).
Pas d'étude à ce jour établissant un lien de causalité entre testostérone et agressivité.

Image du « mâle alpha » dominant dans son groupe remis en question depuis les 70s.

4. Le rôle du cerveau

Toutes les conneries issues de Les hommes viennent de Mars, les femmes viennent de Vénus de John Gray (1992) du genre les femmes sont multitâches ou ne savent pas lire une carte routière, les hommes ont une autorité naturelle et sont forts en maths, etc.

Femmes = émotions, hommes = rationalité.

En 1861, le neurologue Paul Broca pèse une 20aine de cerveaux, et trouve que ceux des femmes pèse ~150g de moins => elles sont moins intelligentes. 🥲

« Ce qui explique cette hétérogénéité, c’est la plasticité cérébrale. Lorsque les bébés naissent, seulement 10 % de leurs connexions cérébrales sont faites. Les 90 % restants seront modelés par leurs apprentissages »

II. Les Racines éducatives de la violence

5. L'éducation inégalitaire

Remettre en question l'éducation que quelqu'un donne à ses enfants = læ remettre en question.
Iels pensent éduquer de la même façon filles et garçons => on constate que non. Éducation genrée prégnante. Dès la naissance et la première tétée. => contrainte très tôt pour les filles vs. liberté pour les garçons.

« L’apogée du respect des codes sexués intervient à partir de 4 ans : n’ayant pas acquis la notion de constance de genre, « les enfants ont alors des comportements ultra-stéréotypés de “vrai garçon” et de “vraie fille”, rejetant en bloc ce qui est censé relever du sexe opposé et n’hésitant pas à rappeler à l’ordre ceux qui transgresseraient la règle (“T’as pas le droit de jouer à la poupée, t’es pas une fille !”). Leur attitude s’assouplit ensuite vers 7 ans, avant de se rigidifier à nouveau à l’adolescence »

6. On ne naît pas homme violent, on le devient

Genre assigné à la naissance => socialisation.
Pour les garçons, ça peut être résumé comme la virilité. Il n'y a pas d'équivalent pour les filles.
Acculturation à la violence pour les petits garçons.

« La virilité est « une sorte d’idéal, somme de représentations liées à l’idée de performance (économique, sociale, sexuelle et corporelle) », et par là établit la supériorité du masculin sur le féminin. »
L'enfance et le rôle des parents
« Ces modèles éducatifs (patterns) font des garçons des êtres peu sensibles, coupés de leurs émotions et de celles d’autrui.  »

Répression des sentiments, de la sensibilité et de l'empathie. Les petits garçons n'apprennent pas à exprimer leurs émotions.
Valorisation de la force, du physique (vitesse, résistance à la douleur, etc.), de l'intelligence. Exploration, dépassement de soi, ambition, courage, etc.

« In fine, en coupant leur petit garçon de ses émotions, de sa sensibilité, de son empathie, en l’incitant à prendre des risques et à être vigoureux – que cela se fasse consciemment ou inconsciemment –, les parents préparent et encouragent ses futures conduites déviantes. »

=> construction d'un terrain favorable à la violence à venir.

« Le continuum avec leurs agissements futurs n’est pas perçu, voire ignoré. »
Les jouets

Extrêmement stéréotypés.
Si un enfant tente de jouer avec un jeu "pas de son genre", on l'en empêche. Surtout les garçons. Souvent par les pères. Parfois par peur de l'homosexualité.

Majorité de jeux violents et/ou armes pour les garçons. On ne prépare plus les enfants à devenir des soldats, donc pourquoi ?

« Les jeux, par les valeurs qu’ils transmettent, apprennent donc aux petits garçons à être forts, à dominer et à prendre le pouvoir sur les êtres et les choses environnantes »
L'adolescence et le groupe

Importance du groupe : initiation à la virilité en étant tapageurs, vulgaires, rebelles.
Rites de virilité avec comportements agressifs allant de l'insulte à la bagarre, parfois même au meurtre.
Prises de risques.
Adolescents moins surveillés / encadrés que les adolescentes. Occupation de l'espace public dès la préadolescence.

La culture

Les histoires pour enfants renforcent les stéréotypes de genre.

« Au cinéma, les hommes occupent 70 % des rôles principaux ; dans 90 % des cas, ils donnent les coups, et dans 90 % des scènes avec un véhicule, ce sont eux qui conduisent. »

Personnages masculins 5 fois plus violents que les persos féminins dans les films de superhéros.

Pourquoi c'est accepté de donner des armes en guise de jouet à des enfants, pour tuer des gens, même symboliquement ? cf. enfants soldats qui existent encore, ou les 30 000 morts par arme à feu aux US tous les ans.

L'école

Les garçons commettent l'immense majorité des violences à l'école, ils sont plus punis et plus expulsés que les filles.
Ils occupent la majeure partie de la cour de récré, et les filles sont menacés dans le petit espace qu'il leur reste (tirs de ballons, insultes).
Ils parlent plus en classe (ils occupent les 2/3 de l'espace sonore).
Violence systémique contre les « faibles » (petits, timides, gros, homosexuels, bons élèves, filles...)

« la comparaison hiérarchisante avec l’Autre est centrale dans la construction de la virilité […] Pas de suprématie sans un inférieur à mépriser, voire à humilier. C’est pourquoi le modèle traditionnel de la virilité – modèle d’exclusion et de ségrégation – ne peut s’épanouir qu’en entretenant le ressentiment des opprimés et la compétition féroce, voire la haine entre les hommes. »

Profs participent en étant plus permissifs avec les garçons, en les écoutant plus, en les poussant à la pratique sportive, etc.

7. Femmes et hommes, tous victimes !

Auteurs de violences = hommes en très grande majorité, mais victimes = hommes et femmes, même si de façon différence.

Violences faites aux femmes : violences endémiques

En 2019, 146 femmes tuées par leur conjoint ou ex-conjoint, contre 27 hommes.
Femmes = 88% des victimes de violences conjugales et 86% des victimes de violences sexuelles.

« Une très récente enquête effectuée auprès de 100 000 personnes, dont 96 % de femmes, rapporte que 9 femmes sur 10 ont subi des pressions de la part d’une tierce personne pour avoir un rapport sexuel ; 67 % d’entre elles ont été victimes de viol ou d’agression sexuelle, et ce à plusieurs reprises pour 65 %. Plus de 8 femmes sur 10 évoquent des violences psychologiques, physiques ou sexuelles subies lors d’un rapport hétérosexuel ; 1 femme sur 6 n’était pas consentante lors de son premier rapport sexuel et, dans 36,5 % des cas, avait moins de 15 ans. »

=> une majorité des hommes a commis des violences sexuelles au moins une fois dans sa vie, consciemment ou pas (à cause de l'acculturation).

Images pendant toute l'enfance des hommes faits pour conquérir et des femmes dociles et qui doivent être conquises => conséquences concrètes à l'âge adulte.
Corriger un petit garçon qui a une attitude "féminine" => le féminin est méprisable.

Romantisation de tout rapport entre 2 enfants en parlant d'amoureux et d'amoureuse et en disant qu'ils vont « se marier quand ils seront grands » => idée que garçons et filles ne peuvent pas être autre chose qu'amoureux, pas d'amitié possible. + idée que rôle des garçons est de séduire à tout prix.

Manque d'éducation sexuelle + accès au porno très jeune => carnage. Validation du rapport de domination pour les garçons + baisse de l'estime de soi pour les filles.

Mythe des « besoins naturels » des hommes. Faux.
Sexualité des hommes valorisés vs. corps des femmes sexualisé.
Sexualité des femmes tabou + double injonction à être désirable et « respectable » en même temps.

Incels => hommes méthodiques et organisés qui passent à l'acte lors d'attentats.

Le piège de la masculinité virile

Les hommes qui ne se conforment pas aux critères de virilité sont rejetés par leurs pairs. C'est particulièrement vrai à l'adolescence.

La pression continue à l'âge adulte (réussite pro, performances sexuelles, rôle de "chef de famille") => 3 à 4 fois plus de suicides que les femmes (encore plus pour les hommes gays ou trans).

Mises en danger, que ce soit prises de risques ou manque de recours à la santé préventive.

« La virilité profite aux hommes en assurant leur domination, mais les détruit dans un même mouvement. »

8. Des comportements à risque

« Au sein des pays de l’OCDE, ceux de moins de 14 ans ont 70 % de risques de plus que les filles de mourir dans un accident. »

Plus d'activités dangereuses, mais aussi, au sein des mêmes activités, plus de prises de risques. Les garçons considèrent qu'ils sont moins vulnérables et qu'ils maîtrisent plus la situation.

Lexique martial dans le sport, injonction à surpasser la douleur, à vaincre l'adversaire coûte que coûte.

« Ces pratiques sportives renforcent ainsi la masculinité hégémonique et transmettent les valeurs viriles à l’ensemble des pratiquants, filles comprises. »

Les sports masculins = 75 % des budgets de l'état destinés aux loisirs des jeunes. Financement aussi des skate parks, terrains de foot, équipement de muscu dans l'espace public. => Renforcement de l'image d'un espace public uniquement pour les hommes.

Sports extrêmes et prises de risques mises en scène pour les réseaux sociaux => hommes en grande majorité.

=> Enfreindre les lois pour prouver sa virilité : consommation de substances, infractions au volant, comportements sexuels à risque.

« Ne pas respecter les lois est également un moyen de prouver sa virilité : en montrant que l’on est plus fort que le « système » ou que l’on reste perméable aux sanctions du système. Cette résistance se construit dès l’enfance, puisque les petits garçons se conforment moins que les filles aux attentes et exigences de leurs parents ou de toute autre figure d’autorité »

9. On ne naît pas femme pacifique, on le devient

Éducation des filles : gestion des émotions, maîtrise de leur corps, comportements altruistes.
Manque de confiance en soi : dès l'âge de 6 ans, les filles se perçoivent comme moins intelligentes que les garçons, alors qu'elles ont de meilleurs résultats scolaires.

Rapport pathologique au corps :

  • Femmes = 90 % des personnes atteintes d'anorexie.
  • 83 % des adolescentes souhaitent maigrir.

Malgré les défauts, l'éducation des filles les prépare mieux à vivre en société. Notamment grâce à l'empathie, la compassion et les capacités relationnelles. (jeux d'imitation + lecture)

« Enfin, durant leurs activités, notamment de plein air, les filles sont mieux informées des dangers qu’elles encourent, ce qui les rend plus appliquées, concentrées, attentives. Elles sont également encouragées à être obéissantes et dociles, ce qui les conduit à être plus soucieuses des échanges, du respect et de la diffusion des règles sociales. »
« Cette éducation leur permet d’acquérir une meilleure conscience de soi ou autoévaluation (capacité à comprendre ses émotions et à reconnaître leur incidence), maîtrise de soi ou autorégulation (capacité à maîtriser ses émotions et impulsions et à s’adapter à l’évolution de la situation), conscience sociale ou empathie (capacité à détecter et comprendre les émotions d’autrui et à y réagir tout en comprenant les réseaux de sociabilité), et gestion des relations ou aptitudes sociales de communication (ce qui correspond à la capacité d’inspirer et d’influencer les autres tout en favorisant leur développement et en gérant les conflits »

III. Le Coût de la virilité

10. La virilité, cause première de la délinquance et de la criminalité

Coût de la virilité = ampleur des comportements masculins asociaux x moyens déployés par l'État + coût humain lié à la souffrance des victimes

On prend en compte bcp de facteurs (milieu social, âge, environnement éducatif, etc.), mais on oublie toujours le plus important : le genre (et l'éducation genrée qui va avec).

11. Méthodologie

Une double difficulté

Différentiel des dépenses publiques H/F pour : prévention, condamnations, compensations.
Difficultés pour tout prendre en compte + difficulté d'obtention de stats sexuées.

Problème de la sous-déclaration des viols/violences : 1/4 de victimes portent plainte pour violences physiques hors ménage, 1/10 pour violences au sein du couple.
Comment estimer toutes les conséquences (victimes collatérales, souffrances psy...) + conséquences des « actes virils » non punis par la loi (par exemple: blessure pendant une prise de risque jeune qui a des conséquences à vie sur la santé physique/psy, le travail, l'entourage, etc.)

Prix d'une vie humaine : 2 méthodes:

  • la perte subie par la société à cause du décès d'un individu (qui ne produit et ne consomme plus)
  • les sommes que les citoyen·nes sont prêt·es à investir pour réduire les risques de mortalité

Coût humain indirect : souffrances phy/psy, pertes de productivité, sentiment d'insécurité => répercussions économiques (tourisme, etc.),

Son estimation : dommages matériels, pertes en productivité des victimes, préjudices moraux + coût direct de la virilité (montant des dépenses de l'État)

Méthodes de calcul
« Le coût de la virilité est le différentiel qui existe, pour chaque catégorie d’infractions, entre le montant des dépenses imputables aux comportements des hommes et celui des dépenses imputables aux comportements des femmes. »

Pour les domaines où les hommes sont plus nombreux que les femmes (par exemple la conduite), les calculs sont adaptés pour comparer à nombre égal.

12. Le coût de la virilité dans les politiques publiques majeures

« politiques publiques majeures » = FDO (police & secours) + justice + santé.

Les forces de l'ordre

Budget annuel en France en 2019 : 13,1 milliards d'euros.
Constante hausse depuis 2010.
151k policiers + 96k gendarmes.

Hommes = 83 % des mis en cause pour délits et crimes
Le coût de la virilité est estimé à 8,6 milliards d’euros par an en matière de sécurité et de maintien de l’ordre.

Services d'incendie et de secours
L'aide aux victimes

En 2019, 4,8M d'interventions par les sapeurs-pompiers, dont 85 % d'aide et secours aux personnes.
Dans 292k cas, victimes d'agression ou violence.
Coût moyen d'une intervention = 961,91 €

Le coût de la virilité est estimé à 186 millions d’euros par an pour l’aide aux victimes d’agressions et de violences.

L'extinction des incendies

316k interventions par an (~7 % de l'activité des sapeurs-pompiers).
Budget global SDIS = 5,13 Md€ par an
Pas possible de connaître la part du budget allouée aux incendies, donc elle dit arbitrairement 50 %, soit 2,5 Md€.

Sur 316k incendies par an, ~10 % volontaires.

Le coût de la virilité est estimé à 245 millions d’euros par an pour lutter contre les incendies.

Le coût de la virilité est estimé à 431 millions d’euros annuels concernant les services d’incendie et de secours.

Le coût de la virilité total pour les forces de l’ordre et les services d’incendie et de secours est donc de 9 milliards d’euros.

La justice (hors administration pénitentiaire)

Budget de la justice = 9,06 Md€ en 2019.
Constante augmentation depuis 2013.

Le coût de la virilité est estimé à 3,5 milliards d’euros par an pour la justice (hors administration pénitentiaire).

L'administration pénitentiaire

Hommes = 96,3 % des détenus écroués et 93,6 % des personnes suivies en milieu ouvert.
Depuis 1980, la population carcérale a augmenté de 88 % en France, passant de 36k à presque 80k prisonniers (soit 103 personnes pour 100k habitant·es).
Surpopulation carcérale : 117 détenus pour 100 places.

Le coût de la virilité est estimé à 3,5 milliards d’euros par an pour l’administration pénitentiaire.

Au total, le coût de la virilité en matière de justice, comprenant les dépenses allouées à l’administration pénitentiaire, est estimé à 7 milliards d’euros par an.

La santé

Beaucoup plus d'hommes aux urgences : 57 % des personnes admises entre 16 et 50 ans

« L’alcoolisme, le tabagisme, les bagarres, les drogues, la vitesse automobile, les sports extrêmes, etc., sont autant de facteurs qui tuent les hommes… Ces derniers se mettent plus en danger que les femmes tout au long de leur vie »
« Quel que soit l’âge, le taux de mortalité prématurée des hommes (avant 65 ans) est 2,1 fois plus élevé que chez les femmes et leur taux de mortalité prématurée évitable (avant 65 ans et causée par un comportement à risque) est 3,3 fois plus important. »

Le coût de la virilité est donc estimé à 2,3 milliards d’euros par an pour les urgences et les hospitalisations qui s’ensuivent

==> FDO + justice + santé = 9 + 7 + 2,3 = 18,3 milliards d'euros par an

13. Le sommet de l'iceberg : qu'en est-il du coût humain et matériel

Calcul basé sur la VVS, "valeur de la vie statistique" :

« Cette méthodologie permet d’estimer le coût pour la société d’un événement dramatique à la gravité a priori non quantifiable :
- 3,241 millions d’euros pour une personne tuée,
- 405 180 euros pour un blessé hospitalisé plus de 24 heures,
- 16 207 euros pour un blessé léger,
- 4 970 euros pour les dégâts matériels (accident matériel ou corporel). »
Homicides et tentatives d'homicide

880 homicides et 2561 tentatives d'homicides en 2017.
86 % des mis en cause hommes.

Le coût de la virilité est estimé à 2,4 milliards d’euros par an concernant les homicides et tentatives d’homicide.

Coups et violences volontaires

En 2019, violences physiques "hors ménage" = 710k personnes de 14 ans et plus.
Hommes = 84 % des auteurs présumés de coups et violences volontaires.

Le coût de la virilité est estimé à 18 milliards d’euros par an concernant les violences physiques volontaires.

Violences conjugales

295K victimes par an, dont 213k femmes (72 %).
Hommes = auteurs dans 96 % des cas.
En 2019, 146 femmes tuées par leur conjoint ou ex-conjoint, soit 1 tous les 2,5 jours.

Le coût de la virilité est estimé à 3,3 milliards d’euros par an concernant les violences conjugales.

Maltraitance des enfants

En 2019, 112k nouveaux mineurs en danger ont fait l'objet d'une saisine d'un juge des enfants.

Le coût de la virilité est estimé à 8,4 milliards d’euros par an concernant la maltraitance faite aux enfants.

Crimes et délits sexuels (hors famille)

En 2019, 22k personnes ont été victimes de viol, dont 87 % de femmes, et 31k personnes ont été victimes de délits sexuels, dont 85 % de femmes. / ! \ chiffres basés sur les plaintes, donc très en-deça de la réalité.
97 % des mis en cause pour crimes et délits sexuels sont des hommes.

Le coût de la virilité est estimé à 17,8 milliards d’euros par an concernant les crimes et délits sexuels (hors famille).

Atteintes à la sûreté de l'État (attentats terroristes du 13 novembre 2015 à Paris)

Manque de données, donc elle ne prend que l'exemple du 13 novembre 2015.
Bilan : 130 mort·es et 413 blessé·es.

Coût estimé à 2,2 Mds d'€, soit 0,1 % du PIB.

Vols

2019 : 232k cambriolages, commis à 91 % par des hommes
2019 : 198k vols et tentatives de vols d'automobiles, 95 % par des hommes
2017 : coût de 7,5 Mds d'€ pour les vols en magasin, 65 % d'hommes.

Le coût de la virilité est estimé à 3,7 milliards d’euros par an concernant l’ensemble des vols.

Insécurité routière

Hommes = 52 % des distances parcourues en automobile, mais 84 % des auteurs présumés d'accidents mortels.
Hommes = 91 % des condamnés pour conduire sans permis, 93 % des auteurs d'infraction de 5e classe et 85 % des titulaires d'un permis invalidé après retrait de points.
En 2019 : 58 840 accidents corporels, 70k personnes blessées, 3498 mort·es.

Le coût total de l’insécurité routière en 2019 représente 50,9 milliards d’euros, soit 2,2 % du PIB.

Au total, l’estimation du coût humain et matériel imputable à la virilité au titre de la sécurité routière s’élève à 13,3 milliards d’euros par an.

Trafic de stupéfiants

~1600 tués par an.
Hommes = 93 % des auteurs de trafic de stupéfiants.

Le coût de la virilité est estimé à 7,5 milliards d’euros par an concernant le trafic de stupéfiants.

Traite humaine (prostitution)

Le coût de la virilité est estimé à 313 millions d’euros par an au titre de la prostitution.

Au total
« J’évalue le total des coûts (somme des dépenses de l’État et des coûts humains et matériels, selon la méthodologie VVS) imputables aux comportements virils à 95,2 milliards d’euros par an. Voilà ce que coûte chaque année, en France, la virilité à l’ensemble de la société selon mon estimation (ce montant ne reposant pas sur la totalité des infractions faute de données, il est sous-estimé). »

Conclusion

« En France, d’après les estimations présentées dans cet essai, la fin du « système viriliste » permettrait à l’État d’économiser 95,2 milliards d’euros chaque année. Au-delà de l’aspect purement financier, des centaines de milliers de vies seraient sauvées, des souffrances psychologiques et physiques évitées… La virilité apparaît bien comme une entrave au développement humain et économique des sociétés. »

95 Milliards d'euros, c'est colossal. Pour comparaison :

  • Recettes nettes perçues par l'État chaque année = 250 mds d'€
  • ISF en 2017 : 4,1 mds d'€
  • fraude fiscale : entre 25 et 100 mds d'€ par an
  • Impôts sur le revenus = 70,4 mds d'€ en 2019
  • Revenu universel = estimé entre 36 et 42 mds d'€ par an

Avec ces 95 mds d'€ par an, on pourrait financer tellement de choses, sans compter les retombées positives de la disparition de toute cette violence.

« Sans le paradigme viriliste, il n’y aurait quasiment plus de viols, d’agressions, de harcèlement, de meurtres, de vols, d’escroqueries. L’insécurité serait considérablement réduite. »

Comment agir ?

Hommes pas prédestinés à être plus agressifs que les femmes, c'est l'éducation et les schémas culturels qui sont en cause.

« Les hommes ne naissent pas violents, ils le deviennent. »

=> Attention à l'éducation et aux modèles qu'on transmet aux enfants.
Éduquer les garçons comme les filles.

Quel coût pour la planète ?

Aucun pays n'échappe à la virilité et à ses effets néfastes.

« Ne sommes-nous pas en droit de penser également que, sans une conception virile des relations internationales – régie par une volonté de domination, de colonisation ou d’asservissement –, les guerres et conflits seraient moins nombreux ? »

Coût humain et financier des conflits armés : le coût de la violence mondiale (guerre, terrorisme, etc.) est évalué à 14 000 milliards de dollars en 2018, soit 11,2 % du PIB mondial.
Ça n'est bien sûr pas réparti équitablement dans le monde : par exemple, en 2018, le PIB de la Syrie a diminué de 67 %.

Le coût humain est également très élevé : entre 250k et 500k femmes violées lors du génocide au Rwanda en 1994, par exemple.

Écologie

Des études ont établi un lien entre valeurs viriles et non-respect de l’environnement.
Être écolo n'est pas considéré comme viril + les hommes consomment plus de viande.


Titre : Le coût de la virilité : Ce que la France économiserait si les hommes se comportaient comme les femmes
Autrice : Lucie Peytavin
Éditions : Anne Carrière
Genre : Essai
Pages : 205
Prix indicatif : 17,90 € (format broché), 7,70 € (format poche)
ISBN : 978-2843379994
Date de publication : 5 mars 2023