La Dame de fer : 3/10
Margaret Thatcher, première et unique femme Premier ministre du Royaume-Uni (de 1979 à 1990), autrefois capable de diriger le royaume d’une main de fer, vit désormais paisiblement sa retraite imposée à Londres. Âgée de plus de 80 ans, elle est rattrapée par les souvenirs. Entre passé et présent, ce parcours intime est un nouveau combat pour cette femme aussi bien adulée que détestée.
Pour faire simple, c'est académique, long et pompeux. Meryl Streep est excellente comme d'habitude, mais le film n'a strictement aucun intérêt.
Tout ce qui m'avait énervé dans J. Edgar était là : la structure alternée entre le présent et le passé, la focalisation sur des points plus ou moins intéressants de la vie de Thatcher, le côté très scolaire (bon, ça c'est commun à presque tous les biopic, pour être honnête), heureusement on a échappé à la catastrophe niveau musique.
Là encore, il y avait du choix au niveau de l'angle : on aurait pu parler de ce qui a donné envie à Margaret Thatcher de se lancer en politique, des difficultés pour une femme de s'imposer dans un milieu exclusivement masculin, ou (à mon avis le plus intéressant bien que le plus dur à traiter, surtout vu notre manque de recul), sur ce qu'elle a « accompli » au 10 Downing Street et qui fait qu'elle a été (et est toujours) très controversée.
Mais non, on nous montre Margaret Thatcher, 80 ans, qui « est rattrapée pas ses souvenirs », pour citer le pitch. C'est-à-dire que pendant 2h, on voit Meryl Streep qui perd la boule, Meryl Streep qui danse en parlant à un fantôme, Meryl Streep qui trie des chemises et des costards. Et puis de temps en temps, une "scène clé" de sa vie est amenée de manière plus ou moins subtile.
J'ai trouvé les scènes dans le présent plus qu'inutiles. Je les ai trouvées indiscrètes, presque glauques. Si Margaret Thatcher a effectivement perdu sa lucidité, c'est vraiment triste pour elle, mais je n'ai pas envie de voir ça étalé sur un écran pendant 2h. Je ne vois pas l'intérêt, je ne vois pas en quoi ça a sa place dans le biopic d'une personnalité politique, aussi détestable soit-elle. Il y a très largement de quoi attaquer Thatcher sur ses opinions et ses actes, pas besoin de ce genre de procédé.
Les flashback sont une succession de scènes « vendeuses », mais j'ai l'impression qu'il n'y a aucune réflexion derrière, que les éléments les plus marquants, les plus photogéniques ont été sélectionnés pour être montrés dans le film, sans qu'il y ait réellement de choix narratif. Il n'y a pas vraiment de trame, à la fin de l'heure trois-quart, on a vu défiler des scènes, mais ça n'a pas de finalité, ça n'a pas servi une explication, une démonstration, quoi que ce soit. Pour faire un parallèle foireux, j'ai eu l'impression de voir une dissert' d'histoire remplie d'exemples, sans aucun argument, sans connecteur logique, sans introduction ou conclusion, sans problématique surtout.
Typiquement, l'idée d'utiliser des images d'archives n'était pas mauvaise, mais j'ai l'impression que c'est juste un moyen d'éviter de creuser. En ne mettant pas en scène ces passages, il n'y a pas de choix technique ou artistiques, il n'y a pas de point de vue exprimé. Le film est totalement neutre, toutes les questions politiques sont gommées, aseptisées, ce qui est un comble quand on voit à quel point Thatcher crée la polémique encore maintenant !
Pour finir sur une note plus positive, et pour « justifier » mes 3 points, je dois dire que Meryl Streep est fantastique. Elle est parfaite dans le rôle de Margaret Thatcher. C'est dommage que le film n'en parle pas réellement.