#1

Capitalisme – Il existe une place spéciale en enfer réservée pour tous les petits connards qui lancent ce genre de boîtes :

• Even if you're trying to avoid Grubhub by calling your favorite restaurant directly, Grubhub could still be charging it a fee
• Doordash and Pizza Arbitrage

#2

Chevalerie – Cette série de photos de femmes en armure par Kindra Nikole est absolument magnifique.

#3

Langue – Is that arabic?. Vous savez quel est le point commun entre Adobe et Marvel ? Ils n'en ont rien à foutre des presque 2 milliards de personnes dans le monde qui parlent ou lisent l'arabe.

Sinon, comment expliquer que dans Captain America: Civil War, petit film à 250 millions de dollars de budget, le mot « Nations Unis » est mal écrit ?

Et comment expliquer qu'il est impossible de copier/coller de l'arabe dans les logiciels Adobe sans casser toutes les ligatures (ce qui a beaucoup d'importance en arabe) ?

Je vous recommande vivement la conf que l'auteur du site, Rami Ismail, a donné sur le sujet au XOXO Festival en 2015, c'est instructif :

#4

Mariage – Julien a pondu en début d'année un thread qui explique pourquoi il faut un « contrat de mariage » et en quoi ça va changer l'amour pur et sincère que vous avez pour votre conjoint (spoiler : en rien, faites un contrat de mariage).

#5

Judéité – Le Juif de Schrödinger, via Diane Saint Réquier.

#6

Viol – « Une soirée tout ce qu'il y a de plus chouette s'est transformée en tout ce qu'il y a de plus sordide »

J'ai passé toute une soirée à lire ce (long) récit, d'une traite. C'est le témoignage d'une française qui vit en Australie. Elle a été violée, a porté plainte, et son violeur a été jugé et condamné. Elle décrit en détail la façon dont elle a été accueillie puis soutenue par les différent·es intervenant·es (policier·es, médecin, ass. sociale, psy, prosecutor, sollicitor...), ça m'a fait l'effet d'un roman de SF où on découvre une société beaucoup plus avancée et idéalisée.

Il n'y a absolument aucun point commun avec ce qu'on m'a raconté de l'accueil au commissariat en France pour les victimes de viol. Elle mentionne d'ailleurs deux autres affaires, une en France et l'autre en Allemagne, et ça n'est pas glorieux.

C'est une lecture difficile (elle décrit plusieurs fois son viol, parle des conséquences psy, et les mensonges du violeur au procès sont également durs à lire), mais c'est écrit par la victime, donc il n'y a pas la moindre trace du voyeurisme courant dans les articles relatant un viol et le procès qui a suivi.

Je crois que j'ai mis le doigt sur ce qui rend cet article foncièrement différent de tout ce que j'ai lu sur le sujet jusque là : il me fait réaliser qu'un autre système est possible.

Qu'on n'est pas condamnées à être accueillies comme des merdes au commissariat

Qu'on n'est pas condamnées à voir notre parole remise en question, notre tenue critiquée, nos actes jugés, la quantité d'alcool qu'on a ingéré mise dans la balance.

Qu'on n'est pas condamnées à voir toute notre passé scruté.

Qu'on n'est pas condamnées à voir nos vies et notre santé physique et mentale jugées moins importantes que le potentiel de nos agresseurs (je pense à la victime de Brock Turner, le "violeur de Stanford")

Ça ne règle pas miraculeusement tout, mais si on pouvait au moins éviter que les victimes subissent une double voire une triple peine après le viol, ça serait déjà un grand pas en avant.

Si vous le pouvez, lisez-le.

#7

Céramique – Coup de cœur absolu pour ces céramiques d'Elizabeth Macneal

#8

Bidouille – Un minitel, un Raspberry Pi et beaucoup de patience, ça peut donner un chouette projet !

#9

Drône – Une très chouette vidéo au-dessus du Mont Saint-Michel.

#10

BLM – Impossible de ne pas aborder le sujet « Black lives matters » quelques jours seulement après l'assassinat policier de George Floyd aux États-Unis et la publication d'un nouveau « rapport d'expertise » mettant en cause la santé d'Adama Traoré pour blanchir ses assassins.

Voici donc des articles et des tweets sur le sujet. J'ai essayé au maximum de sélectionner des articles sans images prises au moment de la mort des victimes.

Nous (les blanc·hes) devons nous demander pourquoi nous ne croyons aux crimes racistes que quand ils sont filmés (et encore) ; pourquoi même avec des preuves vidéo les policiers sont acquittés (quand ils ne sont pas tout simplement jamais inquiétés de quoique ce soit) et pourquoi même quand nous nous considérons comme des alliés de la lutte antiraciste nous n'hésitons pas à diffuser ces images traumatisantes et déshumanisantes. L'aurions-nous fait de la même manière avec des victimes blanches ?

Dans un tweet, Rokhaya Diallo rappelle que « pendant des siècles, les corps noirs agonisants ont été montrés en spectacle pour terroriser la population noire et maintenir la suprémacie blanche » (la traduction est de moi, son tweet est en anglais). Le sujet est développé par @michtosincere dans un thread.

---

• La répression violente des manifestions suite au meurtre de George Floyd est d'autant plus choquante qu'on a vu il y a moins d'une semaine des manifestant·es blanc·hes bloquer des bâtiments fédéraux, en tenue de combat et armes automatiques, pour réclamer le droit d'aller chez le coiffeur sans aucune réponse violente de la part de la police. En comparaison :

  

• Il y a un an déjà, Alexandria Ocasio-Cortez posait la question de ce qui est appelé « terrorisme » ou non :

  .@AOC made a great point about white supremacist violence and the label of terrorism pic.twitter.com/kc4bpr1MRN

  — NowThis (@nowthisnews) May 16, 2019

• Dans la presse francophone, on lit « interpellation musclée », « dérapage » et autres expressions destinées à euphémiser la violence de la police. Le New York Times utilise les voix actives et passives (« exonerative tense ») pour renforcer ou diluer la responsabilité des violences en fonction du sujet :

  why is the active voice used for protestors (“protestors struck a journalist”) but not for police (“a photographer was shot,” “a reporter was hit”)? https://t.co/g8OaCm6S8N

  — shereen (@shereeny) May 31, 2020

  La façon dont la presse relate (ou non) les violences policières est importante. Il est du devoir des journalistes de ne pas servir de perroquets au discours officiel.
• Police erupt in violence nationwide. Attention, cet article contient des vidéos des violences commises par la police américaine ces derniers jours.

• "America has looted black people. America looted the Native Americans when they first came here, looting is what you do. We learned it from you. We learned violence from you. If you want us to do better, then damnit, you do better.” —Tamika Mallory, Nat. Co-Chair of Women's March pic.twitter.com/EP2VpnCYMw

  — bengarvin (@bengarvin) May 29, 2020

• « Violence is not the answer »

  

• Les personnes noires et handicapées ont d'autant plus de risques d'être victimes de la police.
• Sans surprise, TikTok a, dès le 29, bloqué tous les tags liés à #BLM et la mort de George Floyd. Les réseaux sociaux peuvent être des accélérateurs de mouvements sociaux, mais il est important d'être capables de s'en affranchir, pour éviter la censure.
• Empêcher de filmer et diffuser des images de violences policières, c’est livrer les victimes à encore plus d’arbitraire. Parce que, oui, il est tout à fait légal de filmer des policiers dans l'exercice de leurs fonctions. Oui, ils sont censés être clairement identifiables (via leur matricule). Non, ça n'est pas respecté (matricules dissimulés, menaces envers les personnes qui filment voire destruction des téléphones/appareils photo/caméras), mais nous devons nous battre contre cet état de fait, pas le renforcer par une loi.
• Une liste de lectures sur le suprémacisme blanc, les violences policières et le racisme systémique. Si vous voulez vous renseigner sur ces sujets mais que vous ne lisez pas l'anglais, une liste de ressources francophones pour l'éducation antiraciste a été diffusée.
• « Comment trier si un même policier injurie un « jeune » le matin et porte les courses d’une vieille dame le soir ? Est-il « bon » ou « mauvais » ? La tension est à l’échelle de l’administration policière, notamment, pas à l’échelle des individus pris un par un. », une très bonne explication (à dérouler) par Kaoutar Harchi.
• Par pitié, si vous êtes blanc·he, n'utilisez pas Martin Luther King Jr. pour policer les actions des militant·es noir·es. Martin Luther King Jr. n'était pas le seul leader des Civil rights movements, son propos et ses actions ne peuvent pas être résumé·es en 3 citations « prêtes à penser », il n'était pas un doux rêveur qui attendait que ça passe. De son vivant, il a été traité comme une menace, il a été un des hommes les plus haïs des États-Unis ; et il a été assassiné. C'est une insulte à sa mémoire de l'utiliser pour gaslighter les militant·es.
• Trevor Noah sur George Floyd et les dominos de l'injustice raciale.

  

• À quel moment est-il devenu normal que la police soit équipée de la sorte ? (source)

  

  If you had any doubt about America’s priorities, here’s how the people killing us are equipped vs the people keeping us alive pic.twitter.com/oCb7u74hBQ

  — Zack Bornstein (@ZackBornstein) May 31, 2020

• Et en France ? En France, c'est pas mieux. En témoigne la bien trop longue liste des victimes de violences policières. Le 28 mai, 3 jours seulement après la mort de George Floyd, un homme noir était plaqué au sol par 2 policiers, dont un maintenait un genou sur son cou. Ça s'est déroulé dans le 20e arrondissement de Paris. (attention, ce tweet contient la vidéo).
• En France, un gamin de 14 ans peut être plaqué au sol et battu par des policiers. Un gamin de 14 ans peut sortir du commissariat avec un traumatisme facial et crânien, une fracture maxillaire et trois dents cassés. Le 25 mai 2020, Gabriel Djordjevic a cru qu'il allait mourir. (attention, cet article contient des photos).
• En France, quand une femme connue déclare qu'elle a peur de la police, le ministre de l'intérieur se fend d'une réaction officielle, et un syndicat policier (Unité SGP Police FO) porte plainte…

---

Que faire pour aider ?

• Mireille Cassandra Harper a écrit un court guide à destination des allié·es, pour savoir comment aider.
• relayer la parole des concerné·es
• pour celleux qui peuvent, donner.
• attention à ne pas diffuser de photos ou de vidéos des manifestations où des visages sont reconnaissables. Au moins 6 personnes ayant participé aux manifestations à Ferguson (suite au meurtre de Michael Brown par un officier de police blanc en 2014) sont mortes dans des circonstances suspectes. Ne donnons pas à la police des informations leur permettant d'identifier les manifestants.

Et n'oubliez pas :

Si vous en avez marre d'entendre parler en boucle des violences policières et du racisme systémique : aidez à les éradiquer. Les victimes du racisme n'ont pas le luxe d'en « avoir marre » et de « passer à autre chose ».

---

Photo prise par Mark Clennon.